Education, quels moyens? quelles priorités?

De passage, il y a deux ans à St Jean de Luz, je fus surpris par la présence, en bas de la rue où je logeais, d'un car de CRS. Cinq agents en uniforme se relayaient jour et nuit, sept jours sur sept. De l'autre côté de la route, un policier en civil s'ennuyait dur dans une voiture banalisée. L'hôtelier interrogé ne se fit pas prier pour m'expliquer qu'il s'agissait de la résidence d'un important ministre de la République et que cela consternait tout le voisinage.
Depuis lors, je ne peux m'empêcher de penser qu'un seul ministre de la République pourrait s'il le voulait, empêcher la fermeture d'une quinzaine de classes ou d'autant de postes de RASED.

la place de l'éducation

Il y a quelques années de passage chez mes amis paysans du Fouta Djalon, ceux-ci m'emmenèrent dans un territoire très reculé et enclavé que nous n'atteignîmes qu'à la tombée de la nuit. A la sortie d'un village, un vieil hangar où avaient pris place une quinzaine de personnes sur des bancs d'écoliers en bois mal dégrossis. Sur chacun d'eux, une lampe à pétrole et deux crayons et cahiers bien usagers. Ces écoliers du soir faisaient partie des 1700 et quelques personnes qui s'étaient inscrites aux cours d'alphabétisation fonctionnelle (en langue locale) que proposaient les organisations paysannes. Parmi eux, j'eus la surprise de distinguer une très vieille femme. Sa présence au sein d'un public bien plus jeune m'intrigua fortement. Je sollicitai mon accompagnateur afin de connaître la raison de sa présence. Elle répondit que  toute sa vie, elle avait rêvé de savoir lire et écrire et qu'elle voulait toucher ce bonheur avant de mourir.
Puissions-nous dans notre société en quête de repères être capables de bien distinguer l'essentiel du superflu et à avoir le courage de prendre des engagements porteurs de sens.

Politique africaine


En 1983, j'ai vu les paysans camerounais pleurer au vu de ce qu'était devenue la politique africaine de la France. 
Ces jours-ci, Laurent Fabius s'est rendu au Gabon comme avant lui tous ceux qui ont contribué à une des pages les plus obscures de la politique mitterrandienne. On peut légitimement s'interroger, sans renier nos solidarités. Ce sera d'ailleurs un de nos défis : éviter à François Hollande de connaître certaines dérives que gauche comme droite n'ont jamais su éviter par le passé.

à propos

Lors de mes rencontres avec les élus, les responsables de la société civile, les chefs d'entreprise de l'arrondissement, deux expressions reviennent de façon systématique : exemplarité et sens de l'intérêt général. Exemplarité : ceux qui nous gouvernent mettront en avant le faible coût que cela représente eu égard au budget de l'Etat sans comprendre qu'elle est essentielle si l'on veut de tous un effort partagé et équitable. Qui se souvient de De Gaulle qui disposait à l'Elysée d'un compteur électrique privé pour ses appartements dont il réglait personnellement la facture.
Sens de l'intérêt général: à lire et à relire l'excellent livre de Martin Hirsch sur les conflits d'intérêt. Vous y découvrirez le long chemin à parcourir par ceux qui nous dirigent afin de remettre au centre du débat politique ce trop fameux et tellement dévoyé sens de l'intérêt général.

Fessenheim : l’obstination irresponsable de Sarkozy

C’est dans le cadre d’une visite électorale éclair que le candidat-président a rendu, devant un public trié, son verdict sans nuance, à l’emporte pièce et avec un argumentaire caricatural : l’exploitation de la centrale nucléaire de Fessenheim doit être poursuivie.
Europe Écologie - Les Verts Alsace prend acte des propos de ce candidat, mais refuse bien sûr de prendre au sérieux la décision du Président. Une telle somme d’énormités et d’aveuglement n’est en effet pas digne des attentes ni des alsaciens, ni des salariés du site.
Quel culot, ou quelle ignorance, faut-il, pour oser vanter le modèle nucléaire national alors que pour la seule journée d’hier notre pays a importé pour 38 millions d’euros d’électricité, alors qu’à lui seul il représente la moitié de la surconsommation européenne actuelle !
Un an après le drame de la centrale de Fukushima, Nicolas Sarkozy n’a pas tiré la moindre leçon de la dangerosité de la filière nucléaire, notamment à Fessenheim, centrale située sur une faille sismique, multirécidiviste de la panne compte tenu de son âge avancé.
Plus de 70 collectivités alsaciennes de toute couleur politique ont, et parfois à l’unanimité comme à Strasbourg, voté des motions demandant la fermeture rapide de cette centrale. Des motions identiques se sont exprimées sur le Land du Bade Wurtemberg, les cantons de Bâle ainsi que de la Région Franche Comté.
Alors que lundi soir, Nicolas Sarkozy  aux côtés d’Angela Merkel, prenait l’Allemagne comme référence, cette décision de poursuivre l’exploitation de Fessenheim situe le modèle énergétique allemand comme repoussoir. Quelle cohérence à quelques jours d’intervalle et quel mépris pour ses partenaires !
Enfin concernant les enjeux essentiels de l’emploi et face aux inquiétudes légitimes des salariés (sachant que 65 % es salariés du nucléaire sont des sous-traitants), il est évident que ce sont les politiques de transition énergétiques qui sont créatrices d’emplois. Ceux-ci se feront autour de 4 filières. Les chantiers – pour plusieurs décennies- du démantèlement, les chantiers des économies d’énergie notamment dans les logements et l’habitat et naturellement des énergies renouvelables.
Oui, aujourd’hui, le candidat Sarkozy peut affirmer qu’il ne fermera jamais la centrale de Fessenheim, car ce sera le prochain Président et sa majorité législative nouvelle qui sauront prendre cette responsabilité.

REGULER, ENCADRER, TRANSFORMER LA FINANCE

"Pourquoi un écologiste s'implique-t-il dans les questions financières ?
La transition écologique dont nous avons tant besoin pour transmettre une planète vivable à nos enfants a besoin de la finance, parce que l'écologie, comme une certaine finance, s'intéresse au long terme. Les réassureurs, ceux qui paient en dernier lieu les dégâts liés au changement climatique par exemple sont les alliés des écologistes. Mais cette finance de long terme, qui investit, croit en des projets et les rend possibles, est absorbée par une finance uniquement centrée sur le court terme, le profit immédiat des actionnaires entre autres...Transformer la finance est donc un combat écologiste et humaniste.

Mesure 1 :
Les Etats disposent d'une arme massive vis-à-vis des banques : ce sont eux qui octroient la licence bancaire. Il suffirait d'inclure dans les conditions d'obtention - et de maintien- de cette licence des règles concernant les paradis fiscaux, la lutte contre le blanchiment d'argent, les rémunérations ... etc...Les banques de la zone euro sont aujourd'hui totalement dépendantes de la Banque Centrale Européenne qui leur fournit de l'argent de manière quasi illimitée. Ces banques empruntent ensuite aux Etats à des taux plus élevés. La Banque Centrale Européenne refuse d'aider les Etats directement et d'autre part, ne demande aucun engagement en contrepartie des prêts à taux très bas aux Banques. Au niveau européen, il y a donc aussi moyen d'agir pour changer les règles de la banque Centrale Européenne.
Mesure 2 :
Les banques doivent se scinder en deux : séparer les activités de la banque d'affaires (investissements sur les marchés financiers) de la banque de détail (prêts aux particuliers, et petites entreprises, épargne,...).Cette séparation est tout à fait possible au niveau national. En plus, elles doivent disposer de plus de fonds propres pour être moins vulnérables.
Mesure 3 :
L'Autorité bancaire européenne devrait interdire aux banques sous-capitalisées de verser des dividendes et des bonus. Le régulateur américain le fait.
Mesure 4 :
Les CDS (dérivés des crédits) sont supposés permettre de s'assurer contre la faillite d'une entreprise ou d'un Etat. Ils sont devenus de fait des armes de spéculation massive contre les dettes des Etats. L'Europe doit interdire tous les CDS sur les dettes des Etats. Les banques (privées) s'autoassurent contre le risque de faillite d'Etat qu'ils endettent, alors que si ces Etats ne remboursent pas les crédits alloués, les banques font faillite : c'est complètement pervers. Au final ceux qui payent, ce sont les contribuables et/ou les banques centrales des Etats.
Mesure 5 :
Les subprimes ou les prêts exotiques aux collectivités locales font parti aussi de ces inventions de la libéralisation de la finance. L'Autorité européenne des marchés financiers (avec avis du Comité européen du risque systémique) devrait pouvoir donner obligatoirement son autorisation avant commercialisation de tout nouveau produit bancaire.
Mesure 6 :
Les marchés devraient être remis au service du financement de l'économie. On peut pour cela réinstaller une durée minimale de détention de titres financiers, cela permettrait de revenir à des investissements à moyen et long terme. Les Etats-Unis l'ont  fait (Volker Rule).
Mesure 7 :
Adopter en Europe l'équivalent de la loi américaine FATCA (qui entrera en vigueur en 2013) contre le secret bancaire pour lutter contre les paradis fiscaux. Obligation à toutes les institutions financières ouvrant un compte à un citoyen européen ou une entreprise à capitaux à majorité européens à déclarer ce compte aux administrations fiscales des Etats membres.
Mesure 8 :
Les règles européennes obligent les gestionnaires de fonds à vendre les produits qu'ils détiennent si leur notation se dégrade. Il faut donc retirer de la régulation financière européenne toute référence à ces notes délivrées par des agences de notation. De même , ces agences ne devraient pas avoir le droit de faire des préconisations d'ordre politique car cela ne fait pas partie de l'évaluation des risques conférée à ces agences.
Mesure 9 :
Mettre fin aux conflits d'intérêts dans la finance. De nombreux exemples existent. Entre autres, il faut empêcher un haut fonctionnaire ayant eu à traiter du secteur bancaire d'aller y travailler dans les cinq ans qui suivent (et réciproquement).
Mesure 10 :
Taxer les profits indus: instaurer un impôt progressif sur les sociétés financières, pas de déduction des enveloppes des bonus de leurs bénéfices, taxe sur les transactions financières au niveau européen.

En tant qu'épargnant, quelle finance est-ce que j'encourage, de quel type de banque suis-je client ?...Banques coopératives, banques mutualistes... La question de la monnaie elle-même peut être posée, des monnaies locales existent déjà à côté de l'Euro par exemple.Construire la démocratie financière, c'est retrouver un lien direct avec l'Etat qui a besoin d'argent pour financer les services publics et donc a besoin de l'épargne des citoyen-ne-s.L'intégralité du financement de l'Etat actuellement se fait au travers des marchés financiers. Il est tout à fait possible, pour une part, de proposer des emprunts populaires (la Belgique l'a fait en 2011).
Il faudrait créer un Ministère de la Réforme Financière dès 2012, faire en sorte que le politique reprenne la main sur la finance. Le système financier actuel est un obstacle majeur à la construction d'une société plus humaine et d'une économie soutenable tant sur le plan social que sur le plan environnemental.
Contribuons à un nouveau New Deal pour le XXIème siècle. "


LIRE
"CE QUE LES BANQUES VOUS DISENT ET POURQUOI IL NE FAUT PRESQUE JAMAIS LES CROIRE" de Pascal Canfin,
économiste, député européen Europe Ecologie-Les Verts, vice-président de la commission spéciale sur la crise financière, à l'origine de l'ong Finance Watch  (éditions Les Petits Matins- 125 pages-5 €)

cohésion sociale

"Les nantis défendent le plus souvent un modèle économique néolibéral, spéculatif et financiarisé qui ne se préoccupe ni d’éthique, ni parfois même de légalité. La volonté obsessionnelle de privatiser, puis de marchandiser ces biens que l’on considérait autrefois comme des richesses communes à la disposition de tous comme l’air, l’eau ou les espaces naturels, est antiécologiste par principe. Et je ne parle même pas du productivisme à tous crins dont les tenants du néolibéralisme se font les avocats, surtout en agriculture. La première conséquence de tout cela, c’est la quasi-disparition du concept de bien commun, et même de monde commun. Dans des sociétés fracturées, déstructurées et profondément inégalitaires, la cohésion sociale se délite. Or, elle est absolument nécessaire pour amorcer le grand virage écologique qui s’impose et refonder de façon démocratique notre modèle de développement. Elle en est la condition même. "